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Le drone, ça m’a agacé un peu si, surtout que j’y suis allé pour pas grand chose. Le couché de soleil rattrape l’affaire à lui tout seul c’est bizarre 🙂
Je devrais être plus agacé que ca, vu le prix, surtout qu’il est bien fracassé, la caméra c’est arrachée dessous.
Mais c’est matériel, je crois que je pourrais voir ma maison ou ma voiture brûler sans que mon rythme cardiaque soit perturbé..
Par contre panique pour les choses plus métaphysiques 🙂

Moi aussi je suis allé dans la ville, faire des stocks de biocop, ne pas trouver de chapeau, mais acheter un pull marron. J’ai promené dans une brocante.
Puis je suis allé faire réparer mon piano en plastoc. Il s’est passé un truc étrange.
La dame m’a dit qu’il fallait que je l’opère moi même. Ça coûterait trop cher pour des chances de survie trop faibles.
J’ai lui ai demandé de me montrer ses cousins, plus modernes en boutique. Yen a des mieux aujourd’hui. Elle m’a laissé tout essayer. Ça m’a donner envie évidemment.
Il s’est passé un truc étrange ensuite. Un truc qui m’a frissoné (je pourrais rajouter ce mot inventé dans l’histoire, tu verras)
J’ai eu le droit d’essayer le piano à queue qui coûte le prix d’une voiture. 18000 dollars il me semble.
Ca ma attrapé, transé presque. J’ai jamais autant aimé joué. J’avais même pas honte alors que c’est qur des pros dans la boutique. Des gens avec des boucles doreilles, des cheveux longs et des ongles trops longs pour la guitare.
C’était joli, ça ma fait sortir des émotions fort, d’un coup par les doigts et les oreilles. J’ai attendu d’être dans la voiture pour laisser mes yeux bien briller. J’en veux un comme ça ! Ça vient de la vibration des cordes il me semble, c’est très puissant. Je sais pas si cest commercial mais j’ai ai le droit de revenir jouer quand je veux.

Tu vois je suis pas matérialiste mais ça c’est 18000 euros bien dépensés, mieux que dans une voiture ^^

Mince j’ai déclenché une envie de savoir, si tu t’en rappelle encore je te raconterai dans la voiture. Mais c’est rien, c’est moi quand j’imagine des trucs fous.
Après tu m’expliques et je me sens un peu con:) et j’ai pas envie que tu réfléchisse avant de dire des trucs, juste pcq je suis dingo. Ou que tu penses que tu y es pour quelque chose. Ya pas de suspens , vmt c’est ridicule 🙂

J’aime bien les journées intenses ou folles et te raconter ensuite.
Jaime bien quand t’es la aussi, tout devient fou dans mes yeux même quand c’est tout simple.

Au moment où je suis en train d’écrire ya mon frère qui m’envoie des SMS, ils ont pas pu prendre leur avion..
Ya eu une erreur de booking, sur la carte d’embarquement le nom et le prénom sont inversés = bloqué devant la porte.
Je crois qu’il est agacé, mais il perd pas l’argent apparemment.

Fabrice il va revenir oui c’est sur.. il m’a même appelé aujourd’hui.
Il a pris ses plantes le soir même, ses intestins n’ont pas dormi et aux toilettes ça aurait été « explosif »

Merci de me raconter aussi, j’aime bien t’imaginer entre dames, avec ton dessert.

Je suis perdu dans l’histoire, je suis pas satisfait, je sais pas bien où aller pour que ça soit bien où cohérent. Faut que je trouve. Je vais faire dans le passé je pense. Un passage que j’ai déjà vécu un peu..

Je t’embrasse fort 🫂

 

Leo 2027
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Je pousse la porte vitrée du bâtiment Atlantys et l’air climatisé me fige le visage. Le lundi matin c’est comme un jour de réaclimatation. Il y a dans le hall une odeur de métal neuf et de café trop chaud. La lumière s’écrase sur le carrelage, blanche, sans nuance. J’avance vite, la tête baissée, l’air déjà concentré pour éviter les salutations mécaniques, qui collent et qui s’en vont pas parfois — les “Salut mec !” et les “Alors, ton week-end ?”

Les couloirs sont toujours les mêmes : longs, gris, avec ces bandes jaunes au sol qui tracent la route à suivre, comme dans une usine lunaire. Atlantys fabrique des bunkers, des cocons pour la fin du monde. Ironie logique : moi qui passe ma vie à vouloir m’abriter du bruit des autres, je travaille à construire des abris pour des inconnus qui veulent se protéger du monde.

C’est en tournant le coin du couloir C — celui qui sent la peinture fraîche et la colle industrielle — que je la vois.

Elle est là, derrière son bureau, une tasse entre ses doigts minuscules.
Je n’ai jamais vu de mains comme ça. Fragiles, fines, presque trop petites pour la brutalité de l’endroit. Ses cheveux bruns sont une chute, dense comme la nuit. Sa peau est blanche comme une porcelaine que l’on hésite à toucher.

Je m’arrête. Juste une seconde.
C’est suffisant pour que tout mon corps s’anime, comme une corde de violoncelle qu’on effleure.

— Léo, t’es là ?

C’est Marc, le type du service sécurité qui m’appelle déjà. Sa voix déborde dans l’air. Je cligne des yeux, je me force à respirer.

— Non, je… rien.

Je suis passé devant l’encadrement de la porte ou elle est apparut. Je l’ai vue sans la regarder, sans oser.
Elle n’ont plus n’a pas levé la tête, mais je sais qu’elle ressent ma présence à sa façon d’être immobile.
Comme si quelque chose avait traversé l’espace pour alerter un 6eme sens inconnu.

Elle a ce silence qui ne cherche rien, qui ne veut rien, qui respire juste. Ce silence-là c’est comme une caresse.

Dans l’open space, je m’assois à mon poste. Mon écran me renvoie ma propre image : des cernes creusés, des yeux trop éveillés. Je tape machinalement mon mot de passe. Des plans de bunkers s’ouvrent. Couloirs d’évacuation, systèmes d’aération, murs de béton armé. Tout est droit, carré, sûr. Moi non. Moi je suis fissuré, un incident non identifié.

Et dans une de ces fissures, elle s’est déjà glissée.

La journée s’étire comme un fil. Elle est assise un etage en dessous, juste la sous quelques centimètresde bétons.
Je fais plus d’allé retours dans les couloirs que la femme de ménage.
Par hasard, pour comprendre, sans m’en rendre compte.
Elle parle peu. Sa voix, quand elle s’élève, est une flamme minuscule, à peine visible mais chaude, précise. Elle ne cherche pas à remplir l’espace. Elle l’effleure. C’est beau. Moi, quand je parle, j’ai l’impression de frapper le sol à coups de pioche.

Je compte les minutes, pas pour partir, mais pour la regarder discrètement. Ses gestes sont des phrases silencieuses. Elle tapote sur son clavier comme on tricotte des formules. Je me surprends à imaginer la sensation de ses doigts dans les miens. Ça me traverse comme une lame.

Marc raconte une blague à trois mètres. Tout le monde rit. Moi je ne comprends pas. Ou plutôt, je comprends mais rien en moi ne répond. Lisa — je l’ai entendu tout à l’heure, quelqu’un a dit son prénom — ne rit pas non plus. Elle sourit à peine, un sourire effacé comme une empreinte dans la neige. Ce sourire qui surgit me frappe plus fort qu’un cri.

À midi, je n’ose pas aller à la cafétéria. Trop de voix, trop de codes à décrypter. Je reste au poste. Je mange mon sandwich comme un chien qui attaque un os. Elle, elle sort. Son pull trop grand flotte autour d’elle comme un nuage de laine. Une fois la porte franchie, l’air semble plus doux.

L’après-midi, je la croise dans le couloir des archives. Un moment suspendu.
Elle me regarde — vraiment. Ses yeux plongent dans les miens avec une douceur qui n’a rien d’intrusive. Comme si elle disait : « je te vois »
C’est minuscule. Infime.
Croiser ce regard c’est comme une impression de déjà vu, un quelque chose qui reconnaît un souvenir oublié. Une âme qui retrouve son chemin au delà de ce que je peux voir.

Je bafouille un « salut » qui sonne faux comme un feu d’artifice. Elle incline la tête, un geste félin, et disparaît derrière une porte.

Quand je quitte le bâtiment, le soir, le ciel est, lourd et bleu.
Je marche jusqu’à l’arrêt du tramway avec la sensation étrange que quelque chose a bougé à l’intérieur de moi. Pas une explosion. Une fêlure fine. Une lumière discrète qui s’infiltre.

Je me répète son prénom. « Lisa ».
J’ai l’impression qu’il m’est déjà familié.
Ça résonne comme une note tenue dans l’air.
Et moi, je sais déjà que demain, je viendrai ici pour respirer le même silence qu’elle.

Lisa 2027
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J’aime bien quand il vient dans mon bureau. Parfois c’est moi qui viens. Il y a toujours une bonne raison. Comme si le hasard était en charge d’une mission secrète. La mission c’est pas d’être rentable, les entrevues durent un peu plus que de raisons. Ça commence avec des factures à retrouver, des nouveaux feutres à commander et rapidement ça parle de grande chose, avec des mots qui se chuchotent. Je me tiens près de lui, peut-être plus près qu’un collègue, parceque je me sens bien à cet endroit. Je sais pas pourquoi. Il est étrange, dune maniere assumée jadmire ça c’est comme le miroir de ma propre folie qui ne s’exprime pas. J’aime bien, même les mots ils les inventent au besoin.
Oublier le sens des choses, tordre les mots et les utiliser repeindre des émotions pures avec la spontanéité d’un enfant.
« Être content » c’est etre heureux avec un genre de pudeur enfantine qui dédramatise l’enjeu.
« Tournoyer » c’est un peu perdre le controle au milieu des événements ou des émotions, comme dans un manège ça peut être agreable, désagréable ou meme les deux à la fois.
« être entristé » c’est être énlisé dans une tristesse qui paralayse un peu.

« mélancolimaçon » dans le même genre c’est ressasser des choses compliqués.

« Il y a paniquer aussi, j’ai pas encore complètement compris le concept »

Plus je parle avec lui, plus il y a des évidences qui me sautent aux visage. Comme ça, l’air se rien, des coïncidences, des anomalies statistiques qui finissent par paraître naturelles.
Je crois qu’il commence à me manquer, plus souvent. Mais c’est mieux qu’il soit pas trop au courant, pas maintenant.

Continuer avant 🟩
Continuer apres🟥
Je fais intervenir l’armée en Suisse pour qu’on en sache plus 🟦