3h.. c’est pas bien comme rythme !

On te réveille ou tu te réveille toute seule ? Tu dors bien le reste du temps ? T’as du vélo dans la tête ?

Il faisait le temps parfait aujourd’hui, très bleu et un peu frais. C’était un temps à galets. 

C’était bien chez mon frère,  ce soir y’avait du monde. J’y suis retourné, on a regardé du sport à la télé avec le chien et jouer à des jeux. J’ai pris des notes pour le team building 🙂

J’espère que ça va, que t’es pas trop fatiguée, que t’as un peu de temps.

Je pense à toi

Grand câlin sous la lune 🫂

Guy
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Je suis un peu inquiet, quand on a pas trop d’infos, généralement c’est que ça va etre dangereux.
Ya déjà du monde la bas, on arrive en renfort.
Ya ces rumeurs, apparemment ils se sont fait dérouiller par un truc pas commun. Un engin militaire.

Je cale mon dos contre la tôle du camion, ça bringuebale, ça pue le vieux gasoil. Les gars autour de moi dorment à moitié, dodelinent, les flingues posés sur les genoux. Dix types à moi, enfin qui me suivent. Pas les plus fins, mais assez pour faire peur quand ils descendent en rang. Ça suffit. Au milieu ya le gus qu’on a ramassé hier.

On roule vers l’est, parce que c’est le plan. Le prophète il croit qu’il existe des jardins d’Éden là-bas, des bunkers dorés, des serres chauffées au nucléaire, des putains de réserves de bouffe et de femmes gardées pour “l’élite de l’humanité”. Des rumeurs de forums, des théories du complot qui auraient fait rigoler le monde d’avant. Maintenant, plus personne ne rigole.

Je regarde le nouveau, Fred. Il est là, à l’arrière, coincé entre deux de mes types. Il a pas l’air de piger où il est tombé. Pas vraiment peur dans ses yeux, pas encore. Il sait pas qu’il devrait. Il me rappelle moi, au départ. Les tripes encore pleines de naïveté. Le genre à se dire qu’il peut négocier avec les monstres. Ça marche pas longtemps.

La politique c’est de laisser vivants ceux qui ont quelque chose à apporter au clan. Après faut qu’ils soient d’accord avec les idées. Ça c’est une autre affaire. Mais yen a beaucoup qui négocie avec leur principes quand il s’agit de survivre. Comme moi d’ailleurs. Jai embrasser la cause. J’ai choisi l’autre bout du bâton. Elle sont pas compliquées les idées, le principe c’est comme les rois ont mis le feu au monde, nous on joue avec les braises, on s’autorise tout. Tout pour survivre mais j’ai compris assez vite, tout pour satisfaire ses désirs. C’est plutôt vendeur, quand on a rien d’autre. Du coup ya pas mal de psychopathes qui ont le brassard rouge, des vrais qui avaient deja ca au fond et d’autres dont le cerveau a muter pour survivre pour rester dans la famille.
Moi j’ai pris du grade, j’ai su quand il fallait rigoler, quand il fallait avoir l’air fou, quand il fallait se salir les mains. Et puis je suis un peu moins con que ces 10 là. Je me demande à quel point les autres font semblant.
Les 1er disciples eux c’est pas des psychopathes, pour moi c’est des futés, ils etaient déjà prêts avant que ça pète.

Hier en voyant la caravane prendre la sortie j’ai eu l’idée de continuer comme si on avait rien vu. Les panneaux solaires sur caravane tirée par une Tesla ca a attiré notre attention. On s’est garé dans la nuit et on est revenu à pied. C’était facile, les 2 dormaient comme des bébés.

On roule, et la route défile comme un vieux film rayé. L’autoroute est fendue, des carcasses de bagnoles jonchent les bas-côtés, des herbes folles grignotent le bitume. Les panneaux d’autoroute pointent vers des villes fantômes.
Mes gars matent les paysages avec des yeux morts, personne ne rêve plus de maison, de gosses ou de vacances. Tout ça c’est mort. Y a plus que la route, la sueur, et la faim.

Les rires de mes types couvrent le moteur quand ils les aperçoivent. Y a toujours cette excitation dans l’air : vont-ils courir après ? Tirer pour s’amuser ? Ça dépend de l’humeur. Moi, je laisse faire ou pas. C’est ça le rôle du sergent. Réguler la cruauté de certains, comme on gère le débit d’un robinet. La folie est dans l’adn de ce culte.

On se raconte qu’on est des élus, qu’on a le droit, que tout nous est dû. La vérité ? On sert surtout les désirs du prophète. Mais tant que je suis de son côté, je mange, je dors. Et des fois jy crois un peu a ces histoires de vengeance, du plan mondial qui voulait nous nettoyer, à une certaine forme de justice sauvage. Et ça, dans ce monde, c’est déjà beaucoup.

La Suisse. Ça sonne comme une promesse. Mes gars y croient à moitié, mais ils suivent. Moi, je sais pas. J’ai vu assez de théories foireuses pour ne plus croire à grand-chose.

Jean, lui, il sait pas encore jouer. Il nous observe, il serre les dents. Ça me fait sourire. Dans un mois, soit il chantera nos hymnes avec les autres, soit il aura fini dans un fossé, le corps tordu comme un chien écrasé. C’est la règle. On choisit pas le jeu.

Le camion tremble, la route s’élève. Le soleil perce les nuages, éclaire les montagnes au loin. La frontière approche. Et moi, je me demande si le Patron a raison. S’il y a vraiment un paradis planqué derrière ces sommets.

Jean
—-‐——

Je me retrouve encore au milieu de ces geules. Juste après la liberté. J’ai encore le goût du voyage dans la bouche. Léo doit etre dans l’autre camion. Et la fille..?

Il ont pas hésité longtemps, ils nous ont chargés. Je vais être recruter une 2eme fois chez les barjes.
Ça pue un peu. Ils communiquent sûrement par radio. Je crois que me tête va finir sur une pique si ils apprennent qui je suis.
Heureusement j’ai pas balancé mon nom pendant la panique, j’ai dit Fred. Ça l’est m’est venu d’un coup. Enfin revenu, je l’avais oublié avec toute la vie qui allait avec. Les films le dimanche, les ballades avec le chien, les vacances à la Baule. Fred mon amour.

Y a un des types qui me regarde de travers. Il me reconnaît ou il veut juste jouer avec moi?
Va falloir que je dise pas de conneries mais Leo est dans l’autre camion.
Si ils nous interrogent séparément ça va coincer..
Qu est ce qu’il faut dire.. qu’on se connaît pas vraiment, c’est peut être la meilleure option..
Est ce qu’il va y penser..

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Lisa

Avec le petit sachet de farine que j’ai trouvé, j’essaye de faire du pain, quelque chose de différent pour manger avec le fromage. J’ai juste réussi à faire des galettes au goût d’osti.

J’appelle Marcel et partage un morceau. Il fait une gueule de vieux qui mastique du caramel. Je sais pas si ça lui colle au dent ou si c’est le goût qui le fait grimacer. Mais il a faim.

« Viens Marcel on va pêcher »

Moi j’ai envie de voir le lac, j’ai envie de voir la vallée. Le chien saute sur place en roulant sur lui même.

« T’aurais fait des millions de vue avec ça sur Instagram tu sais »

Il me regarde l’air nigot et adorable.

« C’est Un truc qui existe plus, et ça c’est bien »

On grimpe sur la crête pour prendre le chemin du lac dans la vallée.
Et la je les vois, 2 camions,.2 de plus. Ça devient une région touristique ici on dirait.

Je les regarde passer au loin. La remorque chargée de silhouettes sales.
Mais cette vision le laisse une impression étrange. Un je ne sais quoi qui me hante jusqu’au lac.
J’ai l’impression qu’il est plus beau que d’habitude.

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